ENTRETIENS PHILOSOPHIQUES[1]

 

 

 

 

Avant propos :

 

Savoir questionner signifie; savoir attendre, mme toute une vie. Une Žpoque toutefois, pour laquelle n'est rŽel que ce qui va vite et se laisse saisir des deux mains, tient le questionner pour "Žtranger ˆ la rŽalitŽ", pour quelque chose qui "ne paie pas". Mais ce n'est pas le chiffre qui est l'essentiel, c'est le temps convenable, c'est-ˆ-dire l'instant convenable et la persŽvŽrance convenable." Introduction ˆ la mŽtaphysique. p.209.

 

Das NŸtzlichste ist das Nutzlose. Aber das Nutzlose zu erfahren, das ist das Schwerste fŸr den heutigen Menschen.
Zollikoner Seminare
p. 204.

 

 

Oui, le film de Fellini, et sans doute son chef d'Ïuvre, Juliette des Esprits nous donne une intŽressante leon. Juliette comme beaucoup d'entre nous est hantŽe par des obsessions, des fantasmes pour lesquels, les autres qui ne les vivent pas, trouvent toute sorte de solutions faciles, dÕexorcismes pour badauds :  

 

Le docteur parle dÕune hygine de vie qui est celle du "bon vivant" - une belle absurditŽ !

 

Le mŽdium entend les esprits fautifs et Bishma le guru indien et androgyne retrouve par le tantra la cause psychanalytique de tous les maux et de tous les malheurs le "sexe".

La femme sculpteur croit qu'en rŽalisant ses fantasmes dans la pierre elle se rŽalisera elle-mme.

 

Et la Riche AmŽricaine trouve la solution dans une permanente mise ˆ distance du monde, le spectacle c'est-ˆ-dire la sŽduction.

 

L'ami de Giorgio, mari de Juliette, explique le monde par les figures de la rhŽtoriques et de la Corrida.

 

Giorgio la trouve dans le jeu conventionnel du mari qui trompe sa femme et enfin la

 

psychothŽrapeute admirablement campŽe par Fellini explique tout par ce qui serait vrai pour Juliette si elle se laissait le vivre ; le dŽsir insupportable d'tre libre cÕest-ˆ-dire de s'accepter.

 

Juliette trouve en fait la solution dans l'Žcoute de sa propre fantasmatique l'Enfant qu'elle a liŽ ˆ la reprŽsentation d'une vie de sainte dans une Žcole religieuse n'a ŽtŽ liŽe que par elle, et c'est elle seule qui maintenant doit la dŽlier en l'aimant, en ne comptant mme plus sur la force libŽratrice qui fut incarnŽe par son grand-pre "libre penseur" .Presque instantanŽment lorsque Juliette revit la scne mais cette fois-ci en reconnaissant la Juliette du prŽsent et embrasse l'enfant du passŽ, les obsessions s'estompent, se rŽsorbent et il n'y a plus qu'ˆ tre-lˆ, sans espoir certes d'une prŽsence brute ˆ l'environnement, aucun ici maintenant. Il y aura  toujours cette distance, cette Douleur ; exister. Le bonheur est accessoire. Inexistant ?

 

Je ne sais pas trop pourquoi je vous raconte a. Comme a. Car il n'y a pas de raison et il n'y a mme pas lˆ affaire d'illustration. Mais ainsi telle MŽlisande mourante "je ne comprends pas non plus tout ce que je dis, voyez vous... Je ne dis plus ce que je veux". Vous Žcrire est-ce alors mourir ? Accepter de mourir ? AccŽder ˆ cette unique Žvidence ˆ partir de laquelle seulement nous devenons proprement humain. Mourir. Mourir ˆ la volontŽ qui n'est que rŽsistance et persistance de l'Echec premier. Mourir, accŽder ˆ un Destin.

 

A cette vŽritable libertŽ - libertŽ essentielle : accepter que je ne peux devenir que ce que je suis et que je suis appelŽ ˆ tre ,du fond de l'Etre ?... Je vous raconte ce film pour rien.

 

Pour fait : qu'ici je ne cde pas ˆ l'absurde volontŽ qui veut tre un autre, qui veut tre soi-mme - ˆ en dŽsespŽrer. Un pas hors de cette volontŽ donc.

 

"Nul ne peut accomplir  l'Ïuvre de son semblable, nul ne peut faire

  s'Žlever une Žtincelle qui ne soit pas la sienne".

 

A moins que j'indique ici un "plan" cinŽma [2] . Le cinŽma n'a pas d'importance pour moi il nÕa pas su devenir un art. Le pouvait-il ? Certainement pas plus que la peinture. Moins encore. Car la peinture avait eu un commencement, ˆ Lascaux qui Žtait dŽfinitif, qui Žtait toujours sont but.(c'est de lˆ qu'il nous faudra juger Picasso, dŽcider si en fait il n'est pas qu'un accident moderne : une catastrophe). But que compris ˆ nouveau CŽzanne pour nous libŽrer du danger "photographique" de la peinture. Et de ce c™tŽ effroyablement commerant de la peinture qui culmina avec le portrait (de bourgeois) et le paysage (bourgeois) absolument photographique des Hollandais - des commerants. L'art rŽformŽ ? ...

 

Mettez ˆ c™tŽ un Baugin et un Vermeer. Vous comprendrez l'erreur du second. Son exactitude est son erreur. Il n'y a plus vraiment d'art chez Vermeer - mais beaucoup de technicitŽ. Tout de la volontŽ de reprŽsenter le quotidien non dans sa quotidiennetŽ mais comme but. C'est terrifiant. Comme la photo est terrifiante et comme le deviendra le cinŽma : faire comme si c'Žtait encore vrai. Jusqu'ˆ faire du mensonge une vŽritŽ. C'est encore plus terrible.

 

Mais - je m'interroge moi-mme - de quel plan cinŽma alors parlai-je ?

 

Il y a des annŽes j'avais tentŽ de mettre le Feldweg de Heidegger en film en l'inscrivant contradictoirement dans le final de la Femme sans ombre de R. Strauss. C'Žtait l'Žpoque de mon travail avec Strauss. Et puis cela s'effrita. Il n'y eut pas de film. Mais il reste le paysage. Le paysage de La Roche-Guyon. J'y suis revenu comme en plerinage plusieurs fois, et sans cesse y reviens. A la recherche d'autre chose, de la pierre, du roc et de l'eau qui l'Žrode ... et d'un monde artisanal perdu ... Je ne sais. Mais il y a deux ans ˆ peine, je retravaillais le Feldweg et cette fois-ci ˆ partir de Aus der Erfahrung des Denkens espŽrant retrouver en ce texte, court et poŽtique de Heidegger - ses sutras - la totalitŽ ouverte de l'Ïuvre : une ouverture de Chemins. Aujourd'hui, je pense ˆ un film. Je pense ˆ un des rares films documentaires rŽussis que j'ai pu supportŽ de regarder jusqu'au bout, un film sur Webern qui DEVIENT (DU) WEBERN. Il m'inspire pour aller en direction de l'Ïuvre de Heidegger, se mettre EN CHEMIN AVEC ELLE SUR DES CHEMINS, pour oublier le papier, tout ce papier ! retrouver le grand air de la Parole poŽtique, en marche.

L'Ïil ne serait pas Ïil de l'esprit. Il faudrait que l'Oeil - la camŽra - se fasse MAINS qu'elle cesse d'tre un outil. N'est-ce pas demander l'impossible ? 

 

Peut tre pas. Il est au moins possible qu'elle ne soit pas une machine que ce qu'elle montre ne la montre pas elle. Qu'elle ne dŽmontre rien. Il suffirait dŽjˆ que TOUT CONTEXTE HISTORIQUE SOIT ENLEVE. Que jamais l'idŽe d'un contexte n'effleure. La beautŽ du film Hiroshima mon amour de Resnais a failli sombrer dans la nullitŽ de tout cinŽma ˆ cause de ce contexte qui a presque broyŽ, laminŽ l'essentiel, l'indicible horreur, qui aurait tout rŽduit ˆ rien s'il n'y avait un texte capable de conduire l'image. Un Texte qui oblige l'image ˆ se structurer comme une symphonie. Cela est certes plus Žvident avec l'AnnŽe dernire ˆ Marienbad parce qu'il n'y a aucun contexte historique, pas d'objectivitŽ. Hiroshima tend vers cette objectivitŽ qui annule toute vŽritŽ, qui rŽduit la VŽritŽ ˆ l'adŽquation au sujet. Mais justement ce qui est arrivŽ ˆ Hiroshima c'est l'objectivation du sujet de ce sujet (l'homme) qui devient l'erreur pour une science sans erreur. C'est a toute l'horreur qui arrive ˆ Hiroshima et que Duras comprend et que Resnais veut saisir. Tout est lˆ dans le jeu entre com-prendre donc y tre aussi compris et saisir c'est-ˆ-dire piŽger, capturer dans un concept, - un Begriff, agrafer, griffer. Il y a le Texte qui est encore Art et la camŽra qui participe de l'obsession technicienne et qui est en fait la bombe d'Hiroshima : la chose explose car il n'y a plus de mots ... La camŽra est de ce fait violence.

 

Ce que le cinŽma en tant que technique ne peut pas comprendre c'est que la Technique est justement une Žpreuve pour lÕhomme, qu'il y a un pŽril. Qu'en fait l'explosion de la bombe a Hiroshima quoique apparemment plus dangereuse est une avec le cinŽma.

Alors pourquoi voudrai-je encore faire un film sur les pas  de Heidegger ?

Pourquoi alors que prŽcisŽment ce qui me mobilise depuis le plus jeune ‰ge c'est une critique de la technique, de sa puissance dŽracinante ?

 

Je me pose la question car mes critiques du cinŽma sont violentes mme lorsque je reconnais aimer Fellini et d'abord le cinŽma de Cocteau puis d'une manire qui me dŽstabilise moi-mme celui de Kenneth Anger (puis encore, ˆ un moindre degrŽ celui de Derek Jarman) je ne suis pas ˆ l'aise avec le cinŽma. Sauf dans une perspective que je dirai surrŽaliste.

 

Si je pouvais faire la mme chose que AndrŽ Breton avec la photographie en porte ˆ faux avec toute tentative d'illustration, critique de toute description, soit utiliser le cinŽma contre lui-mme Oui. C'est a. Exactement. Je crois que le projet de film sur les pas de Heidegger serait un film "contre" le cinŽma en tant quÕindustrie. Ou la folle idŽe de prŽserver ce qui s'efface, ce qu'efface la modernisation effrŽnŽe ? Mais alors ce serait un souvenir .. L'homme est un souvenir. Il faut se souvenir de l'Homme car peut-tre est-ce dŽjˆ trop tard. Il n'y a plus d'hommes pour le projet cybernŽtique, le dŽferlement du Net ou Web en est la preuve la plus flagrante. L'homme se rŽsorbe dans le virtuel qui le gouverne...  A moins que ce ne soit une tentative plus sereine de mŽditer avec la technique et de jouer pensŽe mŽditante contre pensŽe calculante dans le but d'tre avec la technique sans en tre dŽpendant ...

 

En tout cas dans le projet de film qui est en train de na”tre parce que rena”t aussi mon "engagement" contre la technique, contre les abus de mŽthode etc. [3] il est intŽressant de constater que je ne cherche pas ˆ prendre les paysages qui situent Heidegger mais ˆ retrouver sur des livres de photo des paysages qui n'existent plus, sur des peintures des paysages qui sont alors l'essence mme d'un site : pour l'Žmergence du Visage de l'Homme ...

 

Avant ce film sur les pas de Heidegger qui se risquerait sur les propres pas de cet Žtonnante mŽditation de l'Ïuvre du ma”tre de Todtnauberg qui dure depuis 1966 date de ma premire confrontation avec Sein und Zeit qui me "sauva" de Sartre, avant ce projet, ce sont les deux sŽminaires l'un qui interrogerait ˆ partir de "Le souhait et le Constat" de R. Char (Îuvres, pp. 745 - 746) la place du Philosophe, du Pote et du Physicien en vue d'un Site possible pour l'Homme dans un monde dominŽ par la Technique :

 

"Qu'est-ce donc qui agonise au plus secret de la vie et des choses, malgrŽ l'espoir matŽriel grandi et l'aiguillon du verbe humain ?" demande le pote (Îuvres, p.749).

 

O nous demanderions si finalement l'Abschied au monde ne serait pas nŽcessaire pour qu'Žmerge ˆ nouveau la Terre (= Phusis ?) pour que l'Homme retrouve un Sol o faire croitre ce qui sauve ? Un sŽminaire qui prendrait les chemins du Feldweg, de J.P Hebel et de la Gelassenheit. Lˆ nous serions trs prs du film projetŽ.

 

L'autre sŽminaire suivrait l'Žtonnant cours, sans suite (sauf quelques allusions dont l'une d'elles dans Q.IV (pp. 253 - 254) publiŽ comme volumes 29 / 30 de l'Edition complte des Îuvres de Heidegger, qui interroge en direction de la finitude ˆ partir du Leib. On tiendra compte des reprises hŽsitantes, multiples des SŽminaires de Zollikon avec MŽdard Boss en demandant peut tre contre Boss lui-mme comment fonder une mŽdecine sur l'Analytique Existentiale Ontologique - et donc forcŽment ˆ partir de l'Etre - n'exigerait pas de nous un saut hors de la mŽdecine (ce que Boss est loin d'accomplir, ni mme d'envisager). Admettre que les succs de la mŽdecine moderne ne sont qu'apparents et que leurs consŽquences (qui commencent seulement ˆ se montrer, aussit™t cacher par la recherche mme) va tre un plus grand dŽrglement de la "nature" humaine . Comme l'apparente rŽussite de la gŽnŽtique, du moins la croyance selon laquelle elle "capture" dans l'Žquation la "rŽalitŽ" de l'Žtant auquel elle s'intŽresse ne capture effectivement que ce que l'Žquation pose mais pas l'Žtant comme tel. Cela va avoir des consŽquences dramatiques que nous ne pouvons voir encore tant la nature est lente ˆ nous montrer les rŽsultats, les ravages pourtant dŽjˆ considŽrables ... En fait elle nous les montre mais nous avons dŽcidŽ d'tre ignorant ou plut™t de vivre dans le sommeil dogmatique de la mŽthode ...

 

D'oublier l'oubli ?

 

L'oubli de l'tre qui ouvre le premier chemin sur le cercle de Sein und Zeit n'est pas un constat intellectuel, ni une nostalgie. C'est plus radical que a. Cela parle de traces ˆ venir et peut-tre qui ne pourront pas venir ... Cet oubli serait ... ainsi dans le Plan des choses ?

Il nous faut donc d'abord constater un OUBLI. Se trouver au cÏur d'un oubli essentiel ... Pour constater qu'il n'y a pour soi, pour l'homme quÕune unique certitude. Ce n'est pas son "ego", son "je" de jetŽ au monde : C'est la Mort ! La mort qui donne du sens ˆ lÕexistence par sa privation. PrivŽ de sens. Pure souffrance ou Attente entre un dŽbut auquel nous n'avons pas assistŽ (qui demanderai de na”tre ?) et une fin dŽterminŽe que nous ne pouvons choisir. Entre deux Dangers, le danger mme: exister entre inquiet inquiŽtŽ.

 

Nous retrouvons lˆ la premire dŽfinition de l'Homme, celle de Sophocle dans Antigone.

Entre le Mot et la Chose, entre le phŽnomne et la chose en soi inconnaissable condamner ˆ jouer dans le jeu de l'entre mais sans jouer comme l'enfant maintenant toujours dans la crainte des dieux, de nos idoles falsifications !

 

Mais peut-tre qu'avant cette Žvidence de la Mort, avant cette certitude incontournable il y a lÕŽvidence dÕun monde donnŽ avant (nous, moi) sans que cet Avant puisse tre compris comme origine, a prioritŽ fondatrice. Mais cependant ce "donnŽ avant" est aussi ce qui toujours dŽjˆ nous devance, sera toujours en avance sur nous quoique fasse la "technique" pour se l'approprier, la Nature sera toujours plus "parfaite" que toutes les inventions qui elles ne seront jamais des Ent-Stand mais de simples GegenstŠnde qui de plus en plus difficilement pourront atteindre mme la dimension de Chose (Ding).

 

La Mort n'est peut-tre d'ailleurs cette certitude effrayante qu'ˆ partir du refus de ce qui nous devance et se donne pour que selon notre propre Destin  c'est-ˆ-dire "ce qui nous dispose ˆ la rencontre de ce qui vient ˆ notre rencontre) nous le rencontrons en propre.

Il y aurait donc le Monde (la Terre, Phusis) qui nous devance et sa "mondanisation" comme tre au monde : ce qui n'est possible que par la Parole.

 

a) - Als Sorge ist das Dasein das Zwischen.(S. 374)

Et puis ainsi au sentiment jetŽ ˆ "je" sans certitude entamer un RETOUR ou le recours au fort. Laisser rŽsonner au corps de la Stimmung un quelque chose, une humeur, un contact ou un cycle. Qui sait si dans la Clairire une certaine lŽgretŽ fut-ce ˆ la rapiditŽ de l'Žclair ne nous illumine ... ou un APPEL. J'entends ... Du moins dans le Silence qu'instaure et d'o na”t la MusikŽ. Peut-tre saisirai-je lˆ ma "naissance" fondŽe, ma constitution existentiale ontologique, quoi d'autre serait possible si ce n'est ce "brin de rien" - une Fondation comme l'Žprouva Kant dans sa premire Critique (et le plus finement et dŽfinitivement dans la premire edition) LA CRITIQUE DE LA RAISON PURE ?

 

b) - Als In-der-Welt-Sein ... Da§ es selbst die Lichtung ist ... (S. 133).

mais toujours d'abord le mode inauthentique et je retombe de la Certitude mortelle ˆ la peur de la mort de l'autre qui me laisserait seul mourir ...

 

Comment retrouver un SENS, une Orientation pour un DESTIN telle est la seule question qui demeure, presque Žthique, pour un tre qui est en question par la Mort. Trouver un sens, une direction qui "justifie" cet "entre temps". Que ce ne soit pas un contre temps ?

 

c) - Das Dasein ... im Grunde seines sein ... Schicksal ist ... (S. 384).

 

Est-ce seulement nommer une "compensation" comme est le Dieu, imaginaire ou une simple "sublimation" comme est l'Art pour ne pas tre seulement hystŽrique ou boucher, chirurgien pour ne pas tre plus durement criminel. Et comment ne pas tre Criminel lorsqu'il n'y a rien que la Mort pour justifier toute existence.

Il y a un Moment, un Instant ou dans l'En Propre surgit quelque chose, l'Avnement qui vient nous sauver de l'Žvnement, le mitwelt qui nous sauve de l'umwelt ?

 

Seul nous sauve le Moment unique et donateur, Visage sur Paysage, de La Parole (Dabar / Paravac) Moment o il n'y a plus rien ˆ dire, plus de bavardage et plus mme ce sentiment d'tre-jetŽ qui nous condamne ˆ tre projet (projet vide) libertŽ nulle (simplement engagŽe dans la nullitŽ de l'histoire du moment). La Parole et le Pome d'une existence. Darum ist die Sprache zumal das Haus des Seins und die Behausung des Menschenwesens (U.H 162).

 

d) Die Sprache ist identisch mit SeinverstŠndnis (Z.Sem. S. 277).

Tout cela, ce plan serait en fait rien qu'une lecture mŽditŽe de Sein und Zeit, ˆ partir de Zeit und Sein .." Etre et Temps dŽsigne, dans une mŽditation de ce genre non pas un livre, mais ce qui est proposŽ comme t‰che (das Aufgegebene). Il faut entendre par lˆ : Cela que nous ne savons pas ou que, si nous le savons authentiquement, c'est-ˆ-dire comme  t‰che proposŽe, nous ne savons jamais que sur le mode du questionner  (fragend). " Introduction ˆ la mŽtaphysique. p.209.

 

En prŽliminaire il y a tout ce travail de RETOUR vers la philosophie aprs cette incursion douloureuse dans la "modernitŽ". Une incursion qui m'apparaissait nŽcessaire pour moi qui avait refusŽ de passer l'agrŽgation, qui ne m'Žtais jamais senti concernŽ par le monde stŽrile du commentaire de commentaire et de note sur une note etc. et qui devai trouver des moyens pour rentrer ˆ l'universitŽ "gagnŽe ma vie". Or j'ai bien failli la perdre, cette vie qui n'a de consolation de justification dans la Philosophie en m'acoquinant avec tous ces "structuralistes". Si ce n'avait ŽtŽ que Greimas mais Barthes, Kristeva ! Quelle erreur ! Enfin, je me pardonne finalement mieux cette erreur que celle qui, au retour d'AmŽrique me faisait chercher refuge dans l'ŽsotŽrisme, toujours pour "gagner ma vie". Mais n'est-ce pas la seule chose dont on loue un homme que sa "profession", sa manire de gagner sa vie ?

 

Que j'ai beaucoup travaillŽ sans jamais "gagnŽ ma vie" est impardonnable. C'est ce qui sera pourtant le "centre" de ma politique, ne reconna”tre que la valeur d'usage et jamais de valeur ˆ ce qui serait valeur d'Žchange, l'argent ? Marx n'est pas mon fort: je ne crois pas au Capital, mme rŽformŽ, mme Žtatique. Je crois Marx l'inventeur du capitalisme. Le marxisme (laissons ˆ Marx la possibilitŽ d'avoir pensŽ) voilˆ une autre plaie avec la pire de toutes les plaies, la plus rŽductrice de l'homme le freudisme. Les deux plaies, les stigmates dont devaient souffrir ma gŽnŽration et plus encore la gŽnŽration qui devait nous avoir pour parents. Car ma gŽnŽration critique ou non des deux "dŽpensŽes" s'y formait et acceptait cette double rŽfŽrence Ce double couperet qui limiterait l'homme au psychologique, au sociologique et finalement au biologique. Car qu'est donc cet Inconscient freudien sinon un autre tour nihiliste de la volontŽ schopenhauerienne qui passe ˆ la "pratique" (gestionnaire) ?

 

Il me sera donc donnŽ trois obstacles pour revenir au questionnement primordial, ˆ ma vocation (c'est-ˆ-dire lˆ o j'Žtais appelŽ) ˆ la philosophie : mars, Freud, Saussure

Sans doute pour tre plus ˆ mme de recommencer au commencement, avec la Philosophie et de lui revendiquer la place fondatrice.

 

Aprs ma thse et mme dŽjˆ alors que je terminais sa rŽdaction et surtout la deuxime version de mon Žtude sur R.D Laing je relisais Etre et Temps, L'Etre et le NŽant et redŽcouvrait la PhŽnomŽnologie de la perception et je pus m'exhorter moi-mme ˆ sortir d'un Freud, d'un mars et d'un Saussure en crŽant l'Indicidence.

 

Finalement il y eut tout un travail prŽparatoire et rŽparateur dont le commentaire linŽaire de Sein und Zeit (les 49 premiers paragraphes) est un tournant dŽcisif, et cet AbrŽgŽ de philosophie. ˆ l'usage d'Žlves sensŽs passer le BAC. De lˆ tout recommence - enfin et conformŽment ˆ l'appel propre etc. Que puis-je dire de ces Travaux prŽparatoires et AbrŽgŽ ? :

 

En attendant tu lis le dernier ouvrage de Hannah Arendt  The Life of the Mind ?

Oui. Et cela est un chemin de retour sur les pas de Heidegger. Car en fait les pages que je viens de terminer de ce livre me ramne dŽjˆ vers Kant : Kant et le problme de la MŽtaphysique. ...

 

Peut-tre est-ce toujours et d'abord vers Kant que tu reviens ? N'est-ce pas les ouvrages de Kant dont trs jeune tu fis un commentaire quasi linŽaire ?  

 

Certes, Kant est d'une importance considŽrable pour moi, bien que je n'ai plus frŽquentŽ d'aussi prs les textes depuis des annŽes. Un des Žvnements significatifs de ces dernires annŽes fut de retrouver chez une amie que j'avais perdue de vue mes notes et les premires Žditions des 2  Critiques (hŽlas la Critique de la Raison pure semble perdue) au point d'y oublier l'amie qui semblait tre retrouvŽe. Retrouver le rapport vif que certains penseront maladroit, gauche ˆ Kant Žtait plus important que cette amitiŽ. L'amitiŽ aurait pu se renouer si elle avait ŽtŽ constructive, un dialogue avec la philosophie. Je n'ai pas beaucoup d'affinitŽ pour les amitiŽs qui tournent ˆ vide. Boire et manger ensemble si ne s'Žlve d'un Rite une pensŽe m'ennuie trs rapidement.

 

 

 
 

Avant propos II.

En fait Žcrire en cette "plus grande proximitŽ au sinistre que le Tocsin lui-mme", au cÏur mme du PŽril sachant ou ayant la croyance, certes vague, que lˆ est aussi ce qui sauve. est-ce comme cette attente du Dieu qui serait en retrait dans la "mort de dieu" ?

Et ce retrait du dieu comme le mouvement mme de la mystique juive, intrigue :

Tsimtsoum : retrait

Chevira : brisure.

Tiquoun : rŽparation.

 

Mais pourquoi cela intriguerait-il plus que la Dissimulation Aimante de Phusis ? Doit-il y avoir vraiment une prŽŽminence dans la Tradition d'une tradition particulire ? N'y a t'il pas d'abord l'Appel de l'Etre qui selon l'Epoque nous intrigue d'une Manire, puis d'une autre en fait jamais semblable mais signe du Mme ? .Mais le Dieu ne s'est pas rŽvŽlŽ partout ?

 

Et sans devoir, malgrŽ l'extrme tentation confondre Dieu et le SEYN il y a un questionnement fondamental ...

 

"Se faire une santŽ du malheur", oui et finalement ce n'est pas l'histoire qui donne un commencement. Il y va d'une orientation de l'Homme tout aussi sensible ˆ Lascaux (qu'aprs ˆ Sumer) qui n'est pas le premier terme d'une Žvolution supposŽe mais un surgissement de la Parole DonnŽe.

 

Ce qui me fait commencer dans la prime jeunesse dŽjˆ ˆ tre ŽtonnŽ inquiet c'est le PŽril qui laisse espŽrer qu'un jour quelque chose en son sein mme sauverait. Sauverait de l'existence ?

 

L'ambiance est la mme que dans HypŽrion, attente d'une nouvelle (d'une toute autre) Eglise :

 

"Quand la prŽfŽrŽ du Temps, sa plus jeune, sa plus belle fille, la nouvelle Eglise surgira de ces formes dŽsutes et souillŽes, quand le rŽveil du sens du divin rendra ˆ l'homme son dieu et au cÏur sa jeunesse, quand ... je ne puis l'annoncer, car c'est ˆ peine si je la pressens, mais je ne doute pas qu'elle vienne. La mort est messagre de vie : si nous dormons maintenant dans notre h™pital, c'est que bient™t nous nous rŽveillerons guŽris. Alors seulement nous serons, alors nous aurons trouvŽ l'ŽlŽment o l'esprit respire." (Îuvres, PlŽiades, p.159).

 

Il y a donc au cÏur de notre Entretien une certaine na•vetŽ qui nous Žloignera naturellement d'un certain "sŽrieux" de nos ingŽnieurs toujours prts ˆ trouver des solutions techniciennes et sensŽment "en leurs mains" mais ...

 

"... Et chacun, dans les cha”nes

D'un geste dŽfini, au milieu du tonnant atelier

            n'entend

Que son propre travail. Ah le labeur de ces hommes

            farouches

L'effort puissant des bras, la peine persŽvre et pourtant

Se rŽvle infŽconde ... " (ibid., p. 828).

 

            Comment en serait-il tre autrement pour une race "oublieuse des dieux, plongŽe dans la nuit" ?  DŽsorientŽe.

 

 

I. L'orient: une question d'orientation.

 

Oui, dans ma jeunesse je me suis tournŽ vers l'Orient et j'y aurai fait comme tout le monde depuis ( depuis Blavatsky ou depuis Huxley et les ashrams californiens ? et toute la Beat et tous les hippies avec le psychŽdŽlisme confondu et confondant ?) un plerinage comme ˆ des sources possibles si mon Corps ne s'en Žtait dŽfendu. Il ne voyait rien qui vraiment l'appela.

Et puis je cherchais d'abord une orientation. Le Nord s'imposait.

 

Le Nord ?

 

Non, point gŽographique qu'aurai-je trouvŽ dans les glaces et quoi encore dans le confort "moderne" des nordiques. Si nous comparons le Corps ˆ l'aiguille d'une boussole, elle marque nŽcessairement d'abord le Nord et du Nord se distinguent les autres directions. Seul le Nord est fixe d'autant qu'il est aussi le Centre: la Grande Ourse. Et par cela mme le Haut.

 

Tu ne vas tout de mme pas nous faire de l' astrologie ?  

 

Pourquoi pas, si nous ne retenons ensemble qu'une forme, qu'un Cosmos et laissons de c™tŽ toutes les inventions des faiseurs d'horoscopes. Il y a quelque chose de plus juste dans la taxonomie astrologique que dans toutes les modŽlisations des psychologues modernes. Exception faite de celle de Szondi qui curieusement (re)trouve une classification ˆ base 4, 8 comme celle du Yi King des anciens chinois ...

 

Penserais-tu donc comme un ethnologue, acadŽmicien, que la structure donne la vŽritŽ, que la vŽritŽ est en fait entirement dŽpendante de la cohŽrence interne du systme ?

 

Je ne peux pas penser dans cette direction qui ne fait que justifier la science par ses rŽsultats et rŽserve aux autres primitifs la primeur du simple bricolage. Mais il est certain que la cohŽrence interne d'un "systme" assure de sa pertinence. Mais je crains nŽanmoins que le systme enferme, qu'il ne soit qu'un systme de dŽfense : pour se faire croire que nous avons prise sur autre chose que sur ce que nous y prenons - emprise sur le rŽel. Pauvres de nous !

 

Mais certes on apprend beaucoup sur l'autre en se mettant ˆ l'Žcoute de son thme En ne s'occupant pas de ce que racontent les faiseurs d'horoscope. En rŽalisant dŽjˆ qu'il y a un sens ˆ ce que tre nŽ ici plut™t que lˆ change tout, de mme que ce lieu est une configuration de temps. Ce qui est en jeu c'est un "temps" qui se joue entre divers cycles. Les cycles soli lunaire sont les plus faciles ˆ repŽrer mais la division en plus ou moins 19 ans et fraction de 19, les plus ou moins 29 ans de saturne ou plus ou moins douze de Jupiter etc.  Tout cela n'est pas tellement une influence des astres mais UN NOMBRE DU TEMPS. une rŽvolution au sens d'un tre en orbite, pas au sens d'une "rupturation". Les rŽvolutions humaines, prises en charge pour l'homme lui-mme pour lui-mme, enfermŽ en lui-mme dans une "volontŽ" je n'y crois pas.

 

Tu as Žcrits un traitŽ d'Astro-poŽtique et je sais que tu n'aimes pas en parler ? 

 

Tu sais aujourd'hui, je peux en parler. Je ne risque plus une notoriŽtŽ que je n'ai jamais eu. Je ne risque plus rien. Oui. J'ai Žcrit cela car je pensais Žcrire pour mes amis des pomes qui reposeraient sur ce thme astral, question d'avoir un support pour ne pas Žcrire entirement par inspiration et surtout en trouvant un systme qui mette assez violemment ˆ l'Žpreuve notre psychologie d'homme du XX sicle tout gonflŽ de Freud et autre.

Je crois que tous les moyens sont bons lorsqu'il s'agit d'en finir avec dieu la science !

 

L'orient est une affaire de qute, de la seule qute qui soit celle de l'homme (et d'ailleurs la Qute est impossible ˆ l'animal ˆ qui tout est donnŽ: il se comporte dans un environnement, il y est "captŽ" (rŽfŽrence ˆ l'Includence, cf. H. Maldiney, Penser la Folie, p.196) : Qute du Sens. Une Qute qui ne peut se faire que par les (5) sens - qui n'ont aucun au-delˆ et qui ne nous livrent pas ˆ l'illusion mais au champ phŽnomŽnale le seul existant pour nous - donc sensations et Stimmungen pour commencer. Ensuite le sens comme Direction, direction que nous trouvons disposŽ par le corps-de-stimmung et enfin le sens comme signe et signification qui ne vient pas de nous mais de la Parole qui s'annonce ˆ nous - et qui donc a toujours dŽjˆ rien ˆ voir avec les signalisations. Signe et signal doivent tre absolument distinguŽs: le second n'est pas du Mitwelt reste dans l'Umwelt animal. C'est bien lˆ que se dispose, par exemple, le code de la route, le mot d'ordre et le mode d'emploi, etc.

 

L'orient comme orientation je le trouve dans deux livres proprement orientaux, d'abord le dit Livre des morts tibŽtains puis et surtout le Sit-cakra-nirupana - ce dernier Žclairant le prŽcŽdent. Les Mandalas du Thšdol feront l'objet d'une longue recherche de ma jeunesse. Recherche dŽguisŽe en recherche ethnologique pour l'universitŽ mais pour moi une recherche, qute d'une VŽritŽ autre que celle des sciences dites exactes ou objectives, autre que celles qui comparer ˆ ces dernires se devaient d'tre "subjectives".

 

Recherche d'une "autre logique" que j'avais dŽjˆ touchŽ du doigt dans une lecture exaltŽe du TimŽe de Platon. Platon ne semble pas m'avoir touchŽ autrement que par ce livre que beaucoup trouvent dŽpassŽ, car il ne situe dans l'histoire de la physique, et par le Banquet. C'est sans doute cette lecture premire qui me protŽgea toujours d'une conversion orientale.

 

Cette conversion si commune ˆ ma gŽnŽration, dŽjˆ prŽparŽ par les Blavatsky du c™tŽ de l'ŽsotŽrisme, les Schopenhauer du c™tŽ d'une philosophie extŽnuŽe. D'une fatigue gŽnŽrale de l'Occident, voire d'une usure dont Freud et Marx sont les plus puissants reprŽsentants.

 

 

Le Dasein indien ?

 

Le terme est peut-tre inappropriŽ. Il y va d'une prŽsence de l'homme qui se comprend uniquement ˆ partir du monde - mme si ce monde est un "sur-monde" et que tout semble a priori venir d'une "intuition transcendantale, celle des Rishis.

 

Il se pourrait que nous devions remplacer dans les traductions dont nous disposons et qui nous parle de loi de cause ˆ effet (et de karma dans ce sens) par une mŽtaphore tirŽe du monde VEGETAL : cause c'est le mot FLEUR. nous devons garder ˆ l'esprit le mouvement sans fin qui va de la Graine au Fruit en passant par la FLEUR au fruit qui contient la graine etc. Ce qui serait proprement "cause" serait la TERRE en tant qu'elle est le SOL et ce qui Rassemble - sous le CIEL (penser Terre ET Ciel comme Phusis ou prakriti : lumire, clairire ou simple poien (para + Kri = faire, produire ...etc. )

En fait c'est entirement ˆ partir de l'APPARENCE que se dŽfinit ce qui serait la condition de la manifestation (l' "ap" du para”tre) et serait inapparent, invisible. Une telle "chose" est une fiction qui donne l'impression d'expliquer quelque chose. Mais il n'y a POUR NOUS que la FLEUR qui puisse compter pour donner un sens, une BeautŽ ˆ ce monde o nous apparaissons, contraints. Nous n'avons pas choisi d'avoir ˆ tre ce Destin etc. En fait ce qui nous est cachŽ c'est rien que a : le sentiment de la contingence. Sinon tout est ap-parence.

 

Le Dasein indien est PURUSHA c'est-ˆ-dire l'homme cosmique (est-ce le mme que l'Adam primordial du Zohar ?) ou l'Žtant dans son ensemble. Le Dasein indien est constituŽ des mmes "ŽlŽments" que l'Žtant dans son ensemble constituŽs de 25 (ou 36) tattva-s. (il faudra penser : TAT(tva) et SAT(tva))

 

Rien d'autre qu'une comprŽhension de l'Homme ˆ partir de ce qu'il n'est pas et qui n'est pas l'Etre pour autant car il s'agit encore du "monde". De ce monde qui se comprend ˆ partir de l'homme. Car Purusha, l'Žtant dans son ensemble n'est rien d'autre que l'homme.

Mais l'tre de Purusha ne serait-il pas cette "conscience" qui "pose" le monde comme maya, intrication (et non pas illusion) et qui pour nous est pas-Žtant et donc NŽant ?

MAya c'est la qualitŽ de MA qui est matriciant et qui est aussi dans MANAS qui est l'Žquivalent du sattva ayur-vŽdique (la qualitŽ posŽe et satisfaite de soi) et du "citta" patanjalien. Dans la Caraka Samhita (p.398) nous trouvons cette dŽfinition :

 

The agregate of 5 mah‰bhta-s and consciousness as the sixth one is known as PURUSHA. ("consciousness is also known as PURUSHA). Au-delˆ de Manas est encore Buddhi. etc.

 

 

 
 

II. La MusikŽ : Mahler ; l'Abschied au Monde est nŽcessaire pour retrouver la Terre.

 

Si je cherche Heidegger ou rŽpond ˆ travers son Ïuvre, sur ses pas, ˆ l'Appel de la PensŽe ... Elle semble s'entendre depuis Mahler. Wagner a failli me boucher les oreilles et tout limiter au seul "ressentir". Avec Mahler j'entends enfin tout ce qui est d'une Oreille Pure : un lieu transcendantal. Une Žpoch.

 

Toute l'histoire de la Musique (occidentale : une musique dŽracinŽe qui par son dŽracinement va devoirs faire ce chemin qui la perd et la regagne) s'Žclaire pour revenir ˆ la MusikŽ comme la Peinture de CŽzanne nous rappelle ˆ Lascaux. Ce cercle apparent, cette cl™ture est en fait le rappelle que lÕHistoire, la science historique (vs le Destin) est un produit du nihilisme qui ne permet pas ˆ l'homme dÕavoir du sens.

 

Je ne connais rien ˆ la musique des musiciens. Je n'ai fort peu de considŽration pour les "vues" des mŽlomanes; ce n'est qu'une affaire toute relative de "bon" gožt. Une autre facette de ce lourdaud de "bon sens". Je comprends plus aisŽment ceux qui me disent aimer telle ou telle musique pour des raisons purement subjectives, ou plut™t sans raison, ni justification.

Rien n'a ŽtŽ plus dŽcevant que ma rencontre de musiciens. Que ce soient les professeurs de musique dans mon enfance, ma jeunesse puis ensuite les musiciens voire compositeurs. Ils Žtaient tous prŽtentieux, arrogants et dŽpourvus de cette sensibilitŽ tant vantŽe, ds lors ŽventŽe. Sauf un mais les autres le considŽraient comme un amateur puisqu'il n'avait pas reu leur enseignement. D'ailleurs il ne fut membre ni d'association de dissidents bient™t absorbŽs par, ni de l'IRCAM mme - cette institution qui se rŽsume, ˆ un nom, ˆ une intelligence, Boulez !

Je n'ai jamais souhaitŽ rencontrer Boulez. Je respecte et aime ses premires Ïuvres, lorsque l'ordinateur ne s'en mle pas trop ouvertement. Boulez musiquant Char ou MallarmŽ, oui - aprs ... Il dirige Wagner ˆ Bayreuth. Il fait le grand pas en avant vers l'intŽgration institutionnelle, la reconnaissance obsŽquieuse ou cabotine ? Je ne veux tre juge, le cabotin c'est naturellement ChŽreau avec qui Boulez se lia.

 

La musique exige un sens du systme mais pas la systŽmatique de l'ingŽnieur. Tout ce qui est ingŽnieux est nŽcessairement plus de la musique; c'est de la technologie. Peut-tre P. Schaeffer Žchappa-t-il ˆ cet Žcueil. Mais j'avoue avoir lu du Schaeffer, jamais rien entendu. Son TraitŽ des objets musicaux est un pas considŽrable vers l'essence de la musique - ou dois-je parler de l'esquisse d'un retour Grec ?

 

La musique se compare ˆ l'architecture. Ce rapprochement est l'erreur classique, tant de fois commise qui compare mathŽmatique et musique et croit citer Platon "n'entre pas ici qui ignore la gŽomŽtrie" alors qu'on oublie le sens mme de "mathein" en Grec ...

La musique est ˆ l'Žpoque de Platon Žcrite avec des lettres qui sont les chiffres et les chiffres des rapports, des proportions "qualitatifs" etc.

 

Ce qui m'interpelle dans la musique c'est un sens de lÕŽquilibre qui vient de ce que la musique dit l'autre chose, ce que dŽrobe les mots tout en restant dans la Demeure du Langage. La vraie musique ne retombe pas en deˆ du langage dans une pauvretŽ en monde presque animalire.

La musique dans le monde occidental portŽ ˆ la dŽcadence rŽinscrit le sensible dans la vŽritŽ pourrai-je dire. Avec elle le Corps est digne de l'Etre, parce que le Corps est un Corps humain, un Corps parlant.

 

 

 

Mais commenons par le commencement; la musique c'est d'abord Wagner ? 

 

Disons qu'il y a lˆ un grand choc mais que quelque part il est extra-musical. Je crois que la Musique je l'ai entendu pour la premire fois avec Stravinsky sans y prter garde ... mais surtout au Domaine Musicale, ˆ la premire du Et expecto ressurectiomem mortuorum de Messiaen. Ce devait tre tout de suite aprs le Wocceck ˆ l'OpŽra de Paris dans une mise en scne trs laide de Jean Louis Barrault. Cette laideur favorisait la musique. Il faut toujours que la mise en scne s'efface devant la musicalitŽ d'une Ïuvre lyrique sinon le regard pige l'oreille.

 

Wagner ? 

 

Oui. Wagner, je le dŽcouvre lors du centenaire de sa mort en 1963. France Musique donne la totalitŽ de lÕÏuvre. J'enregistre tout. Je ne connaissais que le Vaisseau Fant™me, beaucoup de bruit. Je dŽcouvre Parsifal, beaucoup de sucrerie. Heureusement qu'il y aura Tristan car je crois que sinon j'Žtais perdu pour la musique, je me serais rŽfugiŽ dans la musique de film. Wagner c'est dŽjˆ de la musique d'accompagnement, de la musique qui veut ˆ tout prix dire quelque chose. Ca avait commencŽ avec Mozart qui effectue dans la musique ce que Stendhal effectue dans la littŽrature : un repli psychologique. Un repli dans le "monde" des sentiments qu'il dŽcrie. Il y a cet infernal besoin de dŽcrire.  Wagner c'est une mythologie rŽduite au plan psychologique Toujours est-il qu'il me poursuivra jusqu'en1972, lorsque je rŽdige ce mŽmoire dŽdoublŽ et ou je me trouve confrontŽ ˆ l'absence de musique, ˆ l'Žcrasement par le texte et ce texte qui redouble le texte et tue la partition qu'est le systme motivique.

 

Mais il faudra attendre 1977-78 pour que je me penche sur la musique, partition en mains et sans nŽcessairement un texte pour me guider, pour tre dans un monde libre de texte et pourtant si prs du Langage qu'on dirait qu'il en est l'origine. La musique, ce Silence fondateur ?

Ce sera d'abord R. Strauss, puis Rameau, Berg et enfin Mahler. Mahler pour toujours mme s'il y a Zimmermann aprs et la dŽcouverte des romantiques que j'avais nŽgligŽs alors mme que toute ma vie durant le romantisme allemand m'aura nourri, rendu l'existence plus que simplement vivable. Mahler d'abord parce que lˆ finit la musique et peut encore commencer l'autre musique. Schšnberg ne s'y Žtait pas trompŽ.

 

Mais lorsque tu Žcris sur R. Strauss tu  parlais dŽjˆ de "la dernire musique" ?

 

Il y a plusieurs manire d'tre la dernire Et Strauss est la manire de rendre impossible pour l'oreille de supporter plus de "dissonances". Il y a plein de musiciens qui sont restŽs ˆ faire du Strauss. C'est lˆ toute la musique amŽricaine lorsqu'elle n'a pas rŽgressŽ en deˆ ou quand elle n'a pas pris l'absurde parti-pris d'innovŽ. Il ne faut pas se leurrer la musique du XX sicle est toute entire dans Webern. Et pour ce qui permet de rŽvŽler ce que le vingtime sicle est: la fin de l'homme, toutes les musiques qui font des "totalitŽs" ou des "histoires", des collages montages, qui n'a le style que l'absence propre de style et bien oui l'une reste straussienne et l'autre plus dangereusement profonde reste mahlŽrienne. Elle reste en Mahler. Car les mahlŽriens...

 

 

 

III. La PoŽsie: comme Acte de la Parole.

 

Pensent toujours en direction de ce qui Devance et nous orientent.

 

C'est d'abord un rejet de la littŽrature et du sentimentalisme confondu avec le poŽtique si caractŽristique du (rationalisme) franais et de sa langue contrainte ˆ peu de sens et beaucoup de subtilitŽ, ˆ un rythme fort et donc une pauvretŽ musicale exemplaire. La musique franaise n'a pu se rŽveiller que parce que Wagner la provoquait, qu'avant l'Italie lui intimait de vibrer ...

 

La poŽsie ? Aprs le surrŽalisme qui me libre c'est d'abord Hšlderlin et son HypŽrion (ce n'est donc pas tout de suite des pomes) compris avec le Heinrich de Novalis et qui se retrouve dans l'Amour les Yeux FermŽs de Michel Henry (certes assez mal Žcrit, roman de philosophe oblige ?! – je sais de quoi je parle, dira un autre moi). Du moins est -ce ainsi que les choses se prŽsentent aujourd'hui o je pense ˆ une pice de thŽ‰tre (ou un film, un film qui prendrait la camŽra comme un stylo : donc une Žcriture. Ce sera un cinŽma italien, et un cinŽma allemand (celui qu'ˆ retrouver Wenders aprs sa crise amŽricaine ?) ) un film ou une pice de thŽ‰tre qui partirait d'HypŽrion pour le retrouver dans ce sicle qui s'achve et qui nous oblige ˆ constater (avec R. Char) qu'il fut le sicle des Utopies sanglantes. L'ennemi du Grec ne serait plus le Turc mais le "tourisme", le monde du loisir et la cybernŽtique. HypŽrion et Diotima ferait une Žpreuve du monde comme celle du HŽros de M. Henry et de sa bien-aimŽe. Il n'y aurait plus de place pour (la) Fable comme chez Novalis. Pas de fuite vers le monde de la conscience. C'est que nous est exigŽ une autre prŽsence, prŽsence ˆ ce qui Advient et qui ne peut tre aucun Žvnement. Quelque chose qui ne peut pas engager une conscience (qui n'est qu'un concept) mais une PRESENCE.

 

Il y aura donc des moments dans la LittŽrature qui me feront toujours revenir ˆ la PoŽsie; la poŽsie qui interroge le pome. Sera-ce pour confirmer le choix de Heidegger : Hšlderlin d'abord mais ˆ l'encontre de Heidegger, HypŽrion d'abord. Puis Trakl qui me fera accŽder des annŽes aprs ˆ Rimbaud, Char et Saint-John Perse ... Pour MallarmŽ un attrait - peut-tre ne suis-je jamais sincre lorsque je le nomme. Plut™t Nerval, incontestablement je lui suis fidle comme je le suis ˆ LautrŽamont.

 

Le Pome mais jamais de romans ˆ proprement parler. Je m'ennuie effroyablement en littŽrature. C'est d'abord qu'il y a cette compulsion descriptive, ce besoin de "photographier" les attitudes, les comportements, les lieux. Cette terrible fixation - ce c™tŽ meurtrier que la photographie affinera.

C'est pourquoi Nadja fut dŽcisive, libŽratrices de toutes les contraintes de lecture de romans en se jouant de la littŽrature avec la photographie – la photographie qui reste l'accomplissement de la littŽrature c'est-ˆ-dire de la bourgeoisie industrielle.

 

Le moment Nadja É  

 

Nadja, ... malgrŽ cette rŽfŽrence explicite ˆ AndrŽ Breton, Breton compte peu pour moi. C'est Nadja (que je ne prononcerai jamais "Nadia" mais pour garder l'image ophidienne du "naja" Nadja, insistant ˆ ce que vous placiez au dessous du titre cette tte prolongŽe d'une main ayant un cÏur en 13 ˆ la place du nez et de la bouche, tel un Žventail ...), Nadja qui dŽcouvre un Monde.

 

Elle est la Rencontre, un dŽvoilement du Mit dasein  en et par lui-mme.  Par Elle Breton ne comprend plus ce qu'il fait, la surcharge idŽologique, Freud et Marx, perd son impact, ne se justifie que comme surcharge, appesantit la phŽnomŽnalitŽ que Nadja libre. Il croit jouer avec des symboles. mais lorsqu'Elle est lˆ, qu'Elle parle tout symbole s'anŽantit. Il n'y a plus de pas perdus. Elle le lui dit. Il n'y a que ce qui appara”t tel que cela appara”t. Nous sommes alors dŽlivrŽs des cha”nes causatives, analogiques du symbole. Le langage ne se perd plus pour un autre monde.

Tout le systme de renvois, qui par l'ordonnancement de la phrase contraint ˆ la causalitŽ (le sujet verbe complŽment) doit maintenant livrer la chose (Ding) en elle-mme, la brisure entre un dit "signifiant" et un dit "signifiŽ" n'affirme plus l'arbitraire du signe / du singe - empire faux. Elle se brise pour la Chose, pour son Apparition.

 

La logique s'effondre non pour sombrer dans l'irrationnel mais pour poser la rigueur de la rencontre. Plus rien ne se cachera derrire ce que "je" dit voir - ni d'interminables glissements encha”nŽs. Ni... Plus de contenu manifeste produit du travail de la censure laissant entre-voir un vŽritable contenu, un contenu latent. La vŽritŽ est lˆ, Rencontre sans rien avoir attendu. Sans attente.

Elle est "lˆ" - et non point "ici" - dans un lŽger dŽcalage, un manque nŽcessaire ˆ toute conscience pour tre mme conscience de quelque chose ... Nadja est le sentiment du Lˆ. Elle suspend toute tension vaine vers un au-delˆ et toute position, plus animalire - pierre enfoncŽe en elle-mme - d'un ici maintenant. Nadja est le se laisser rencontrer par ce qui vient ˆ la rencontre : disponibilitŽ ˆ ou responsabilitŽ dans le sens d'tre capable de rŽpondre au Mystre.

 

Un dŽpassement discret de tout empirisme comme de tout idŽalisme. Quand Breton s'encombre de psychanalismes (trahit Freud vers Jung) et de marxisme (joue ˆ Trotski)  et rejoue autant de la banalitŽ de lÕÏil scientifique, elle lui impose la seule Rencontre comme mŽthode. C'est pourquoi elle lui appara”t, malgrŽ son Žloge de la folie, encore folle et qu'il la recouvre de tout une intertextualitŽ qui la marginaliserait compltement si elle n'Žtait ce N‰ga - une Co-naissance souveraine.

 

Elle seule fait le lien, fait que nous essayons encore de lire, l'Amour Fou, Arcane 17. Et ne la retrouvant pas Breton reste seul, Žcri-vain tandis que Nadja construit le livre, livre unique de se sicle qui semble dŽborder le livre parce qu'il dŽpasse les genres, est inclassable, enfin hors roman.

 

Nadja, le livre, n'est ni un journal, ni une nouvelle. Serait-ce une thŽorie - un manifeste du surrŽalisme ? Un pome sans poŽtique ? Nadja -la rencontre dŽcide autrement ... d'un champ qui recoupe, dŽpasse la discrimination dont la notion de littŽrature est le produit, la pratique..
La poŽtique est alors comme une action qui questionne le sens mme de l'agir.

Nadja montre et dŽmontre l'acte synthŽtique de la Rencontre, la DisponibilitŽ ˆ ce qui vient ˆ notre rencontre. Pour nous seul. Solitaires.

 

Nadja crŽant le livre, le livre comme Rencontre. Il n'y a alors plus d'obstacles ˆ inclure photographies, dessins puisqu'il n'y aura jamais plus de descriptions !

Quel r™le tiendra la photographie qui n'illustre rien mais semble moquer la description en faisant croire qu'elle la re(m)place ? Se comprend ici en fait ce que nos "dŽfenseurs" de l'image ne font que marquer du sceau de la rŽgression : image et texte n'existent que de leur enlacement au Langage. Langage demeure de l'tre pour l'homme.

La description elle-mme est un acte imageant et en admettant mme que dŽcrire soit possible (sans dŽsŽcrire), une description ne sera jamais la dŽmonstration d'autre chose que du style de l'auteur, soit d'un paysage-visage.

 

L'intŽrieur stendhalien, l'extŽrieur balzacien s'achvent dans le "naturalisme", "vŽrisme" zolatique qui ne sont que littŽrature, un dŽcor foncirement bourgeois. Flaubert a compris qui avec, Salammb™, les Trois Contes (mais surtout pas Madame Bovary), nous met en prŽsence du vide enchanteur, chant des mots d'o jaillit le seul Langage. Joyce s'Žchoue tout naturellement dans le tourbillonnement polysŽmique auquel seul Artaud rŽvlera la "raison" : l'appel du corps perdu.

 

Nadja les aurait-elle tous devancŽs ?

 

Le nouveau roman s'acheva trs vite dans sa technique, le cinŽma. Une histoire de lÕÏil dont on ne remercie pas encore assez Robbe-Grillet de nous avoir dŽchargŽ. Lui qui par son Immortelle revenait presque dŽfinitivement vers Nadja ... avant de revenir par la bande dessinŽe ˆ Gwendoline ...

 

Les romans expŽrimentaux de Sollers (Paradis ou Joyau ... je ne me souviens plus du titre ou  du nom du cru bordelais) et de ses Žmules Telqueliens n'auront jamais ŽtŽ qu'une rŽpŽtions pour un "Reading" de Finnegan's Wake. Un enterrement : la modernitŽ et son postŽrieur !

N'aurai-je finalement aimŽ que Marguerite Duras ? ...Elle ramne au moins l'essentiel mobile de l'Žcriture vivant dans l'Žcriture mme en se situant et situant le lecteur dans le lieu - toujours identique - o surgit la seule raison d'tre : le Des-ire - l'Amour. M.D donne la formule de ce que Proust manifeste indŽfiniment, comme si elle partait de l'Žvidence d'un temps toujours retrouvŽ dans son avenir ... Comparaison peut-tre plus souhaitable d'avec le N™ dans le Monogatari ...?

 

Mais Nadja les aura formellement tous dŽpassŽs ! dŽposŽs ! dans une EspŽrance qui ne peut plus rien avoir de littŽraire. Enfin plus de littŽrature; un pas vers la poŽsie pure. PoŽsie d'un temps d'absolu dŽtresse.

 

A partir de Nadja je dŽcouvrais l'extrme absurditŽ d'Žcrire encore des "romans". La littŽrature finissait dans les kiosques des gares, des aŽroports, immenses salles d'attente. Finissait ˆ peu prs lˆ o elle avait commencŽ, dans l'ennui bourgeois: un rve de midinette. Je prŽfŽrerai dŽsormais ˆ tout roman les Contes, la voix des conteurs rŽsonnant toujours de la plŽnitude connue des seuls potes. Je souhaitais plus entendre qu'un chant de la Terre ˆ travers la Rencontre [4] .

 

 

 

 

 

 

 IV. Mais la Vie ? Il y a plus - pour l'Homme - Exister !

 

Mais cela suppose que l'tre-jetŽ prenne (au) Sens de l'Etre ?

 

D'abord un constat douloureux, irrŽvocable : plusieurs millŽnaires d'existence et l'homme ne fait que poser des questions. Les rŽponses qu'ils se donnent sont si nous les regardons de prs toujours et encore des questions. Aussi s'est-il mis ˆ croire ˆ cette idŽe, le progrs qui le dispense de l'angoisse d'un avenir de questions en lui laissant ˆ jouir d'un futur infinis de rŽponses toujours nouvelles : un feu d'artifice - des jouets. Il joue. Mais un jeu qui n'est qu'un loisir, un divertissement. Il ne joue plus comme l'enfant pour tre. Il joue pour ne pas constater qu'exister a ne vaut peut tre pas grande chose : qu'tre irrŽvocablement question - et mourir.

Plusieurs millŽnaires et l'homme a cru aux dieux qui s'annonaient, puis se fut un Dieu terrible, unique, quasiment une menace puis ce fut rien, la science qui doit un jour rŽsoudre tous les problmes or c'est elle qui les pose, les fabrique, les invente les problmes ˆ rŽsoudre.

Pourtant ce n'Žtait pas a qu'on lui demandait ˆ la Science au jour o elle s'invente dans le cours des connaissances. On lui demandait ce sens qui manque ds l'instant que l'on est / na”t au monde. On lui demandait et de a elle est dŽfinitivement incapable. Car elle ne fait que nous faire attendre. La vie n'est qu'une attente entre la naissance et la mort. Une attente pour pas grand chose : tre un animal humain. C'est vraiment trs mince. A vous donner envi d'en finir et de trouver justification au suicide qui jusqu'ici demeure religieusement - et scientifiquement - interdit (ou surgit comme une charitŽ mal ordonnŽe : l'euthanasie).

 

La vie est laide. Elle est devenue toujours plus laide gr‰ce ˆ la science.

 

L'existence serait elle plus, vraiment, que cette vie biologique ?

 

IL faut tout un parcours philosophique encore, avec tous les millŽnaires d'humanitŽ et l'humanŽ•tŽ qui n'est peut tre que question, qu'un questionnement sans rŽponse, une absence radicale de signification. Devoir avoir pour signification que celle qu'on se donne ˆ travers des mots, des pures conventions, la signification. Est-ce possible que ce soit que a ... exister ?

Refaire, faire tout un parcours pour capter le sens toujours perdu ?

 

A. Le parcours philosophique : C'est ce Parcours que certains prŽsentent comme une histoire de la philosophie ou pis encore qu'ils insrent dans une histoire gŽnŽrale des idŽes. Des idŽes qui se rŽsument en une justification d'un progrs infini, de la seule MŽthode (scientifique).

Ce qui dŽcevra beaucoup : de savoir que ce que dit Platon ou Descartes ou Hegel est toujours le mme. Ils prŽservent un rapport de l'Homme ˆ l'Etre que rŽclame l'Etre et qui prend comme science avant de n'tre que mŽthode (avant donc que l'homme se dŽtache de l' Etre ? ou que l'Etre laisse l'homme dŽmissionner ?).

Il se pourrait mme que ce qui se dit en Orient ne soit pas autre chose. Que le Mme ! Partout et toujours qu'ˆ rapport de l'homme ˆ l'Etre - un Mystre ?

 

B. Le parcours de l'tre-lˆ Singulier en lui-mme.

Si la singularitŽ revient ˆ chacun, elle n'est possible que sur le Fond du Dasein comme tel, et celui-ci en tant qu'il ne trouve pas son fondement en lui-mme.

 

 

 

 

 

 

IV bis : Ne devrai-je pas soulever plut™t la question de la thŽologie ?  

 

Une chose est certaine la Vie, serait-elle auto-affectŽe, autodŽterminŽe (comme chez Michel Henry) nous n'aurions pas pour autant dŽpasser la non signification de l'tre-jetŽe.

La vie ne donne aucun sens que son non-sens. C'est juste moins absurde que l'idŽe existentialiste ou marxiste qui imagine l'homme se choisissant lui-mme dans l'acte volontaire. Il y a toujours ˆ cause de la contingence qui nous frappe le dŽsir d'une existence de dieu. Dieu est sŽduisant pour calmer l'angoisse qui prend un monde frappŽ par la mort de dieu, par l'Entgštterung.

On trouvera en effet que tout au cours de mon existence, je me suis penchŽ sur la religion proprement dite, celle qui FRAPPE l'occident et qui la frappe d'autant plus fort qu'elle se sert de la philosophie et en mme temps empche, retient la Philosophie. Sur la religion chrŽtienne donc qui m'a ŽtŽ supportable qu'ˆ travers quelques mystiques plut™t pote, ou ˆ travers une architecture. Quelle soit romane ou gothique.

 

J'ai essayŽ de voir dans la messe un reflet de cette architecture mais je n'ai pas mme trouvŽ une thŽ‰tralitŽ - uniquement une leon apprise sans cÏur, rŽciter, dŽbiter par les prtres et lointains, en Žcho moraux et fades, par les fidles.

 

J'ai tentŽ des lectures (je ne sais plus combien ! Il y avait une Žnorme liasse de notes, je l'ai dŽtruite au dŽbut des annŽes 90, les annŽes de misres) mŽditations sur les Žvangiles. Echec. Plus tardivement, j'ai ressaisi cela dans la tradition hŽbra•que. J'ai ŽprouvŽ une certaine jouissance gr‰ce ˆ la poŽtique du Zohar mais aussi un ab”me. encore un Žchec. Pas de croyance. Aucune Foi. .

J'ignore la Foi, ou  bien c'est ce que je ressens ˆ travers la musique qui est ma religiositŽ, ce qui maintient, pour moi, un Lien au monde, ˆ un ordre cosmique.

 

Si je peux me sentir concernŽ par certains textes orientaux, ce sont ceux qui fondent ou dŽbouchent sur une mŽdecine (de l'tre ? Non une mŽdecine tout court !) ce quÕignore totalement le christianisme qui a manquŽ sa vocation incarnante. Dieu s'y fait chair pour rien.

Et en cela il n'est pas loin de l'hindouisme qui sÕintŽresse ˆ la Chair que pour la dŽtruire et vivre dans l'illusion d'un monde spirituel, un fant™me. The holy ghost.

Croire, avoir la Foi c'est pourtant ma qute. Car je ne cherche rien d'objectif. Je n'ai que faire du formule du monde, d'un accaparement. Je trouve a ridicule, vain. La science, la techno science me donne la nausŽe. Je pense qu'un sentiment comme celui que dŽcrit Sartre dans son meilleur livre, La NausŽe n'est possible que parce qu'il y a le regard objectivant de cette science posŽe sur l'homme.

 

La Nature nous devancera, elle nous "aura" quoiqu'on fasse - ou plut™t qu'on croie faire.

 

La Nature est dans ce sens trop limitŽ, un dieu. Le Dieu vengeur n'est rien d'autre qu'une manire de traduire ce sentiment d'tre pris par la nature qui gagne toujours et, en apparence CONTRE nous.

 

Dieu, la Nature ... Ce sont ces IdŽes qui vont forcer l'homme dŽsespŽrŽ vers sa tentative d'autodŽtermination qui trs vite le devancera comme la nature qu'elle combat. Cette tentative Žchouant : la techno-science.

 

Mais je maintiens ... l'espŽrance : un dieu. Et malgrŽ tout je pense qu'il y a cette espŽrance plus nettement inscrite dans le christianisme. EN FAIT IL SUFFIRAIT QUE NOUS PUISSIONS MONTRER LA TENEUR EXISTENTIALE ONTOLOGIQUE DE LA REVELATION POUR QUE LA FOI NAISSE D'ELLE-MEME.

 

V. La question de l'Eros.

 

Dans un Monde privŽ de Dieu parler d'Žros reviendrait-il toujours ˆ parler seulement de sexe (une invention laborantine).

 

L'Eros ?

Je crois que si je suis parti d'une certitude, la Mort et est senti le "je" comme le produit de cette "menace" il n'est possible que de commencer par la Douleur. Cette Douleur qui pousse ˆ rechercher un "pharmakon".

 

Le Plaisir - un pharmakon ? 

 

Il n'est pas donnŽ avec la "vie". Dans une "vie" la Souffrance est premire. C'est sans doute pourquoi les "systmes" de penser dŽmissionnaires commencent toujours par vouloir nous guŽrir de la vie mme. C'est ainsi que le Premier Livre des Samkhya Pravachana-sžtram commence par :

 

" Atha trividha-duhkha-atyanta-nivrittih." (Maintenant. La prŽvention permanente de la triple douleur est le but suprme" p.12) .

La premire douleur relve du fait d'tre incarnŽ (Adhyatmika). La seconde se rapporte aux douleurs causŽes par les animaux en gŽnŽral et tout Žtant (Adhibhautika). La troisime catŽgorie comprend les douleurs causŽes par des forces surnaturelles, Graha, Bhžta etc. (Adhidaivika).

Ce qui entra”ne un dŽsintŽressement de la "vie" sans ouvrir ˆ l'existence. Se guŽrir de la vie parce qu'elle est souffrance. c'est l'erreur et c'est le leurre. Mais je dirais que c'est La Tentation.

 

Ce n'est pas un hasard si l'Eros est un problme et que j'ai interrogŽ ce que mon Žpoque appelle l'inconscient pour ne pas y retrouver le "tripot" qu'elle voulait y voir mais comme un accs ˆ l'tre au sens de "sat" (en Allemand: satiŽtŽ, une assise). J'ai interrogŽ les rves qui m'ont enfin dŽcouvert leur rŽalitŽ sans symbole et les symboles un monde construit, plus riche que tout rve.

 

 

Parleras-tu des Dominicales ?

 

Un travail considŽrable adressŽ ˆ une personne finalement peu concernŽe. Une amie qui ne fit finalement une analyse que pour dŽcouvrir Žtant devenue analyste que la seule chose qui compte pour une femme dans lÕanalyse cÕest uniquement d'tre mre. A 38 ans elle eut son premier enfant, puis un second. Elle pris ses congŽs de maternitŽ, redevint professeur de littŽrature dans le PrivŽ. C'est tout ce que l'analyse Žveilla en elle : le biologique. N'est-ce pas a vrai dire ce ˆ quoi elle tend avec son obsession sexuelle, sa faon de tout replier sur le sexe, de rŽduire tout ˆ a - mme lorsque a faisait semblant de faire tout remonter vers la Parole ?

Cette amie se trompait moins en devenant mre en analyse qu'en restant analyste. N'empche que si je ne m'Žtais enrichi moi-mme ˆ refaire toute cette lecture attentive de Freud, de tout Freud en jouant sur l'intertextualitŽ des ConfŽrences d'Introduction ˆ la Psychanalyse je m'Žtais bien trompŽ d'interlocuteur. Les Dominicales que je lui envoyai de New York ne furent mme pas l'objet de critiques, de discussions. Elles furent ranger dans des tiroirs, les enfants en feraient des cocottes en papier !

 

 

 

 

 

VI. La politique, alors ?

 

Commenons par nous rappeler l'histoire du Roi et de l'Oiseau, film d'animation de P. Grimault et PrŽvert. Il s'agit d'abord d'une FABLE POLITIQUE. Le Roi n'est plus un Roi (ce qui fit le possible succs de la rŽvolution franaise : le roi n'avait dŽjˆ plus de Tte) ; il se regarde seulement jouir du pouvoir sur les autres qui sont alors des jouets, des pions et non plus des sujets. Il se regarde peint, sculptŽ et il ne vit QUE de son image cette image qui finit par le dŽtruire. Le pouvoir sur qui s'oppose au power within ne conna”t que la destruction, la nŽgativitŽ. Il supprime sans pouvoir sublimer. Il n'y a plus Aufhebung mais il reste la dialectique simplifiŽe celle qui servira ˆ tout pouvoir qui dŽsormais a perdu tout rapport ˆ un Transcendant. Son unique "autre" c'est l'Oiseau, emphatique, son Fou. Qui seul par son vol peut jouer avec l'image du roi et l'image du monde. Il vit au sommet de la ville, du ch‰teau il est donc le reprŽsentant du plus haut qui n'est aprs tout que la libertŽ conu comme "nomade". Le ciel n'est au-dessus de notre tte que pour tre beau sans raison. Il n'y a pas de divin dans ce monde animŽ. Dans le monde du pote qui Žcrivit "notre pre qui tes aux cieux ... restez y !". Il n'avait pas compris, comme toute notre Epoque que si Dieu est mort, c'est d'abord sa reprŽsentation, en attente de l'Etre. C'est pourquoi le film reste marquŽ par le nihilisme de cette Epoque qui est loin d'tre terminŽe.

 

Le roi n'est plus Roi, la royautŽ nÕest plus quÕun jeu narcissique. Il jouit de son image. Rien d'autre. Et si son image se libre du tableau o elle a ŽtŽ reprŽsentŽ contrairement ˆ la Bergre et au Petit Ramoneur il ne va pas se libŽrer de la reprŽsentation. Il ne devient pas plus authentique, le jeu continu et personne jamais dans le royaume ne s'apercevra de la substitution. Le roi inauthentique n'est qu'une image qui a pouvoir sur ...

 

La ville est une ville absurde non pas parce qu'elle est ville mais parce qu'elle est construite pour rien. Rien d'autre que pour satisfaire l'image royale qui n'est plus fondŽ sur un transcendant quelconque, n'a plus de RŽfŽrent absolu fondateur. Plus de Dieu. Le roi fait seulement ce qu'il veut et son vouloir n'est alors plus que reprŽsentation de soi : mise en scne. Il chasse, il joue. Il joue mais il ne joue plus comme un enfant il est ˆ la fois sŽrieux et dŽrisoire, dŽsespŽrŽ, exaspŽrŽ. Alors que l'enfant construit un rapport ˆ l'Autre transcendant qui lui donne sens.

Dans un tel contexte la ville basse, ville des "travailleurs" comme dans Metropolis (il y aurait des comparaisons ˆ faire bien que Metropolis s'engage en marxiste pour le travail valeur suprme etc.) est une ville sans couleur ou l'Ade aveugle chante l'espoir sombre d'une libŽration Žventuel et pour lui improbable "il ne verra jamais" (hors le film tourne autour du voir, voir les couleurs etc. ). Elle est une ville sans couleur o seul le travail justifie l'existence. Or ce travail est sans valeur autre qu'une valeur d'Žchange pour une "survie" (et non une Vie qui est Sans Valeur, car plus que Valeur) d'autant plus annulant qu'il ne s'agit que de reprŽsenter sans cesse et ˆ l'infini pour le roi, l'image du roi. Il n'y a pas mme le signe d'une transcendance, mme pas le fictif "progrs". Il y a rŽpŽtition pure dans un monde qui n'est que rehearsal d'un pouvoir jamais justifiŽ que par lui-mme (autodŽterminŽ donc illusoire) aux dŽpends des autres qui doivent dispara”tre, tre niŽs.  Si l'amour de la Bergre et du Ramoneur peut triompher ce sera cependant seulement en tant qu'amour de ce couple pris en lui-mme. Lorsqu'ils se trouvent enfin, libres (et d'ailleurs ˆ la fin du film nous ne les voyons plus, pas plus que l'oiseau qui est le hŽros salvateur et ironique) ils le sont dans un dŽsert, une table rase est effectuŽ. Il faudra repartir ˆ zŽro, pour rien que faire. Il s'agit d'un en faire poŽtique, certes, mais strictement contingent. Le robot (qui reprŽsente ˆ lui seul la technique inhumaine) qui a par la maladresse volontaire de l'Oiseau qui s'en est saisit pour sauver ses amis aura en effet dŽtruit toute la ville ch‰teau inconsidŽrŽment, sans Žgard pour la beautŽ architecturale qui malgrŽ tout tŽmoignait d'un "rve". Mais ce robot se sauve de son image nŽgative en ayant un geste de gr‰ce, il libre l'oisillon et dŽmolit la cage qui l'emprisonnait. Mais la main de fer est la dernire image sur fond de dŽsert, car l'oisillon s'envole sans doute mais vers rien, pour rien que la perpŽtuation de l'espce. A moins que ce soit pour la Contemplation de la Nature prise comme telle pour un spectacle ; la BeautŽ donnŽe ?

 

Le transcendant n'est que la transcendance (le se transcender) de la LibertŽ conu comme nomadisme, vol et envol. L'oiseau c'est la libertŽ de l'espace libre.

 

Une telle  libertŽ n'existe pas est une fiction. Fiction qui rend nŽcessaire le pouvoir sur. - le pouvoir comme nŽgativitŽ -  Il y a seulement une possibilitŽ et une acceptation de ce qui est donnŽ. La possibilitŽ pour l'Homme de la reconnaissance d'un Destin - sans quoi il demeure pris ˆ la NŽcessitŽ du Fatum.

 

Depuis l'hitlŽrisme demeure un fait ; nous ne pouvons plus tre partisans d'un systme quelconque. Nous ne pouvons tre que Maquisards dans un sens qui n'est pas tout ˆ fait encore connu. Mais un peu comme ...ce Recours aux forts tel que Ernst JŸnger l'aura pensŽ avec la figure de l'Anarque (vs l'anarchiste) et le Chevauchement du Tigre tel que Julius Evola designer l'Acte de l'Homme DiffŽrenciŽ. Plus de participation possible avec ce que certains dŽsignent par des gauches ou des droites et qui de plus en plus se limitent ˆ la formulation amŽricaine du dŽmocrate et du libŽral - ne dŽsignant par lˆ que des placements du portefeuille de l'Etat. Est-ce mme d'Etat dont il faut parler ici ?

 

Rien de politique car plus de "Polis".

 

S'il n'est plus possible d'tre engagŽ, et si d'ailleurs (devoir) tre engagŽ ne fut jamais que le signe d'une dŽcadence (dont le "tout est politique" viendra confirmŽ le coup publicitaire) il ne semble pas moins tentant de faire une critique de la sociŽtŽ actuelle, de la mondialisation c'est-ˆ-dire peut-tre et seulement constater, un malheur ! Le DŽsert cro”t.

 

 

Peut-tre ta politique tient-elle dans ta rŽalitŽ sociale: tu n'as jamais votŽ, jamais payŽ d'imp™t puisque tu as toujours travaillŽ sur des projets qu'on ne rŽmunre pas ou si peu ?

 

Oui... Ma politique consisterait seulement ˆ m'tre engagŽ dans la mort de dieu ˆ vivre cette mort de dieu comme INCONVERTISABLE en simples valeurs sociales : le travail, la famille, la patrie ne peuvent pas justifier une existence comme le pouvait un dieu et comme le peuvent encore les dieux ...

 

C'est donc d'tre ENGAGE DANS LE DESANGAGEMENT D'AVEC CE QUI RESTE DE DIEU, cette abominable croyance qui stagne ou qui fait des intŽgrismes - quelques choses qui est de l'ordre du "nazisme".

 

Que j'ai beaucoup travaillŽ sans jamais gagnŽ ma vie soit pour d'autres impardonnable, ce que je remarquai prŽcŽdemment, c'est  incontestablement le centre de ma politique, ce sur quoi elle s'appuie, le levier critique de la politique en gŽnŽral : de la production et du travail. Lorsque ces deux derniers ne reposent que sur eux-mmes, dans la logique strictement Žconomique, que l'homme y croit reposer ainsi "sur ses propres forces", que la seule transcendance c'est ainsi de se transcender il n'y a plus aucune justification, aucune raison de vivre authentique. Nous sommes redevenus des btes - btes de labeur - privŽ de parole. C'est horrible.
Horrible.  

 
     

 

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[1] Entretien ayant eu lieu juste avant les annŽes 2000.

[2] Depuis un projet plus concret ˆ vue le jour, avec des repŽrages ˆ Todtnauberg (1993) Bien que rien soit moins assurŽ que sa rŽalisationÉ

[3].Le Projet "MnŽmosyne".

[4] Note de 2019) : Žtait envisagŽ ici la reprise des chapitres 2 ˆ 7 de Jardins, Forts & Montagnes : Le surrŽalisme, les paysages : PŽtrifications liquidiennes de Dali : Transitions : Maldoror : A corps ˆ cris ˆ travers le M™mo Artaud ; Les corps viriles en fleur – Gent ; L'Etable d'AugiŽras et le Shaman Nu. Manuscrit dŽtruit en 2018